La Robe

Texte intégral dans Burqa de chair. (2011)

« La Robe » est peut-être le texte le plus intimiste de Nelly Arcan. Dans un style très proche de celui de Putain et de Folle, avec lesquels elle entretient aussi des similitudes sur le plan des idées, la nouvelle raconte la relation tumultueuse et complexe entre une narratrice et ses parents. Le titre fait référence à la robe de chambre du personnage, un vêtement qu’on ne revêt que dans l’intimité. Toutefois, bien plus qu’une pièce de vêtement, la robe, portée par cette femme délaissée par son mari et qui passe des heures prostrée devant la télé, devient une métaphore de la passivité et de l’isolement.

« Ma mère était la femme la plus triste au monde, son visage était aussi un tricotage de grimaces de tristesse et de peau. À force, son visage n’a plus touché personne. C’est ça, le vrai drame, être si triste et si longtemps qu’on ne touche plus. Pour toucher avec son malheur, il faut rester bref. »

Sa robe de chambre était un enrobement de nudité. Sa robe de chambre était comme une peau nue exposée au grand jour. La robe de chambre est le symbole ostentatoire de la nudité des mères, la vraie, pas celle qui excite et qui s’étale sur un site Web comme façon moderne de pétasser, comme façon dernier cri de se vendre au coin d’une rue, mais celle qui fait parfois naître la pitié, au mieux la compassion.

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